Aller directement au menu principal Aller directement au contenu principal Aller au pied de page

Santé publique/Public health

Vol. 2 No 4 (2022): MTSI-Revue

Incidence de morsures de serpent dans les communautés rurales de savane de Paoua et de forêt de Mbaïki en République centrafricaine

DOI
https://doi.org/10.48327/mtsi.v2i4.2022.211
Publiée
2022-10-27

Résumé

Introduction. L’objectif de cette étude est de décrire et de comparer les aspects épidémiologiques des morsures de serpent parmi les populations vivant dans le milieu rural de la zone de savane de Paoua et de la zone de forêt de Mbaïki en République centrafricaine (RCA).

Matériels et méthodes. Il s’agissait d’une étude prospective à base communautaire dans deux districts sanitaires en RCA, de décembre 2019 à janvier 2021. Tout cas de morsure de serpent rapporté par les enquêteurs communautaires a fait l’objet d’un questionnaire afin de déterminer l’incidence, les circonstances de survenue, la gravité de la morsure et l’itinéraire thérapeutique.

Résultats. Au total, 412 cas de morsures de serpent ont été recensés au cours de l’étude dont 198 cas dans la zone forestière et 214 dans la zone de savane. La létalité était de 5 % dans la zone de forêt et de 1 % dans la zone de savane.

Le taux d’incidence des morsures de serpent était nettement plus élevé chez les enfants de savane en comparaison avec ceux de la forêt (98/100 000 vs 25,1/100 000 ; p < 0,00001), tandis que ce taux d’incidence était nettement plus bas à partir de 45 ans dans la zone de savane de Paoua comparativement à la zone de forêt de Mbaïki (167/100 000 vs 200/100 000 ; p = 0,02). La létalité des enfants et des adultes jusqu’à 44 ans apparaissait nettement plus élevée en zone de forêt (7 décès vs 1 décès).

Ces morsures survenaient beaucoup plus lors des activités agricoles dans la zone de savane que dans la zone de forêt (51 % vs 26 %, p < 0,0001).

La symptomatologie était dominée par l’œdème et le saignement au point de morsure dans les deux zones d’études, compatibles avec un syndrome vipérin.

Conclusion. Avec un taux d’incidence supérieur à 160 cas pour 100 000 habitants dans la population active de 15-44 ans des communautés rurales de la zone de forêt et de savane, les morsures de serpent restent un problème de santé publique en RCA. Une étude sur les espèces et la toxicité de leurs venins en RCA est recommandée. Par ailleurs, il est urgent de rendre disponibles les sérums antivenimeux dans les formations sanitaires périphériques afin de réduire la mortalité liée à ces envenimations.

Incidence of snakebites in rural communities living in the Paoua savannah and Mbaïki forest areas in Central African Republic

Introduction. Snakebite is one of the most deadly neglected tropical diseases in Africa with more than 20,000 deaths reported each year. According to recent data from hospital in Central African Republic studies, the Paoua health district reports between 300 and 400 cases of ophidian envenomation each year. However, no epidemiological study on snakebites has been conducted at national level, nor a control strategy developed. The objective of this study is to describe the epidemiological aspects of snakebites in two rural communities, one located in savannah zone and the other in forest zone (both secondary and primary forest) in order to ensure adequate management of snakebites in these regions.

Method. Prospective community-based study in two health districts in the Central African Republic, the health district of Paoua in savannah area and the health district of Mbaïki in forest area, from December 2019 to January 2021. Snakebites were investigated in the community by selected trained people in charge of reporting data regarding all known cases of snakebites occurring during the study period. The data were actively notified either by health personal or community health workers in order to determine the circumstances and severity of the bite, its management and the clinical course in case of envenomation.

Results. A total of 412 snakebite cases were recorded during the study period, of which 198 cases occurred in the rural community of the forest zone and 214 in the community of the savannah zone. Case fatality rate was 5% in the forest zone and 1% in the savanna zone. The incidence rate of snakebite was significantly higher in savannah children compared to those in the forest (98/100,000 vs. 25.1/100,000; p<0.00001) while this incidence rate was significantly lower from age 45 onwards in the savannah area compared to the forest area (167/100,000 vs. 200/100,000; p=0.02). The case fatality rate of children and adults up to 44 years of age appeared to be significantly higher in the forest zone (7 deaths vs 1 death). Snakebites occurred significantly more frequently during field activities in the savannah zone than in the forest zone (51% vs 26%; p<0.0001). The symptomatology of bites was dominated by edema of the bitten limb and bleeding in the two study areas, compatible with cytotoxic and hemorrhagic syndromes due to viper bites.

Conclusion. With an incidence rate of more than 160 cases per 100,000 inhabitants in the active population aged 15-44 years in rural communities of the forest and savannah zone, snakebites remain a public health problem in Central African Republic. A study on the toxicity of snakebites in Central African Republic is recommended. Besides, it is urgent to make anti-venomous serums available in health facilities in order to reduce the mortality related to the envenomation.